Mais qu’est-ce que peut bien faire de simple et d’efficace un employeur pour améliorer son organisation en matière de santé et sécurité ? La solution c’est le sauveteur secouriste du travail (SST).

Rappelons-nous les obligations de l’employeur.

L’employeur prend les mesures nécessaires pour assurer la sécurité et protéger la santé physique et mentale des travailleurs. Il s’agit d’actions de prévention des risques professionnels, d’actions d’information et de formation et la mise en place d’une organisation et de moyens adaptés (L.4121-1 CT).

 L’employeur met en œuvre ces mesures notamment par une planification de la prévention des risques où il intègre les conditions de travail, les relations sociales et l’influence des facteurs ambiants, notamment les risques liés au harcèlement moral et au harcèlement sexuel ainsi que ceux liés aux agissements sexistes (L.4121-2 CT).

 En pratique, formez des SST

Sur le papier, c’est bien beau mais en pratique on fait comment ?

Une des clés de la santé et sécurité au travail c’est de former son personnel. Pas à savoir utiliser une machine ou à plier les genoux pour ramasser l’agrafeuse qui vient de tomber, mais le former à la santé et la sécurité. Pour cela, formez vos salariés à devenir SST.

 Le SST est-il obligatoire ?

La loi oblige à avoir un SST parmi le personnel uniquement dans les ateliers et les chantiers d’une certaine taille où sont accomplis des travaux dangereux (R.4224-15 CT). Mais rien ne vous interdit de former des SST partout : dans les ateliers non dangereux, sur les petits chantiers et bien sûr dans les bureaux.

Quels sont les avantages du SST ?

Il y a deux avantages à avoir un SST dans l’entreprise. Le premier est assez connu : le SST connaît les gestes de base pour donner les premiers secours en cas d’urgence. Si quelqu’un ne va pas bien, le SST est sensibilisé à alerter les pompiers ou le Samu et donc à éviter que le malaise ne dégénère. Si quelqu’un se blesse, il peut sauver une vie par un massage cardiaque ou une mise en position latérale de sécurité. Bénéfice évident pour le salarié victime mais aussi pour l’entreprise qui pourra voir revenir son salarié plus tôt que si la situation n’avait dégénéré.

Le second avantage est moins connu alors qu’il est au moins aussi important. Le SST est formé à la prévention des risques. Il sera donc aux aguets des risques d’accident. Il sera celui qui ne dira pas « ah mais oui mais on a toujours fait comme alors c’est que ça marche et vous nous embêtez avec vos mesures de sécurité ». Sensibilisé, le SST sera un atout précieux pour diffuser cette culture de la maîtrise du risque auprès de ses collègues. Il pourra même être moteur dans la révision du document unique d’évaluation des risques professionnels (DUERP) qui peut avoir tendance à dormir quelque part dans un tiroir. Ou vous rappelez au bon usage du registre des accidents bénins si vous en avez un.

Et le harcèlement ?

Mais il sera aussi formé à se poser des questions en matière de harcèlement moral comme sexuel ou en matière d’agissement sexiste. Vous devez bien sûr mettre en place des éléments d’information en matière de prévention du harcèlement sexuel avec les affichages obligatoires (L.1153-5 CT), un référent au comité social économique (CSE) (L.2314-1 CT) ou un référent particulier dans les grandes entreprises (L.1153-5-1 CT) et les formations sont les bienvenues pour sensibiliser tout le personnel. Mais tout ça ne remplacera pas le collègue qui n’appartient à aucune instance et qui vient tout simplement demander si ça va à quelqu’un qui n’a pas l’air d’aller bien. Et ce « ça va ? », ça peut tout changer pour une victime.

Julien Monnier – avocat au Barreau de Nantes