Aujourd’hui, nous parlons des entretiens. J’aurais pu dire que nous allions nous entretenir des entretiens, c’eut été joli mais non pertinent car vous et moi ne nous entretenons pas. Et la production menace de cesser de m’entretenir si je me mets à digresser et que je ne m’en tiens pas aux entretiens. C’est l’instant pro du jour.

L’entretien annuel d’évaluation

Contrairement à la croyance, l’entretien annuel d’évaluation n’est pas obligatoire par la loi mais peut l’être par une convention collective. C’est le plus souvent une pratique managériale destinée à faire le point sur l’atteinte des objectifs de l’année écoulée, les objectifs à atteindre dans l’année à venir, les compétences à acquérir pour le salarié, les besoins en formation qui sont identifiées, etc. Le salarié ne peut pas refuser d’effectuer un entretien annuel d’évaluation. Je vous conseille d’en effectuer un compte-rendu qui pourra être librement commenté par le salarié.

L’entretien professionnel

Si tous les entretiens entrent dans le cadre de la profession qui est celle de votre salarié, c’est le seul qui porte le véritable nom d’entretien professionnel. Il s’agit d’échanger sur les actions à mettre en œuvre pour maintenir le salarié à son emploi et sur ses perspectives d’évolution dans l’entreprise (L.6315-1 CT). On évoquera le besoin en formation et la validation des acquis en entreprise, le compte personnel de formation, le conseil en évolution professionnelle.

Sa périodicité est la plus complexe parmi tous les types d’entretien puisqu’il y en a trois : tous les deux ans sauf exception, tous les six ans et au retour de certaines suspensions du contrat de travail.

L’entretien professionnel : tous les deux ans sauf exception

Il ne peut pas s’écouler plus de deux ans entre l’embauche et le premier entretien professionnel puis il ne peut pas s’écouler plus de deux ans entre deux entretiens professionnels. Sauf, et c’est l’exception, si la convention collective qui vous est applicable prévoit une autre périodicité.

L’entretien professionnel : tous les six ans obligatoirement

Cette fois la périodicité est obligatoire par la loi et la convention collective ne peut pas la changer. C’est l’entretien des entretiens. Vous devez vérifier que le salarié a bien eu ses entretiens professionnels biannuels et s’il a pu bénéficier d’actions de formation et recourir aux instruments que j’ai déjà évoqués (la validation des acquis en entreprise et autres).

L’entretien professionnel : au retour de certaines suspensions du contrat

L’entretien professionnel est obligatoire si le salarié revient des congés suivants :

  • congé maternité ;
  • congé parental d’éducation ;
  • congé d’adoption ;
  • congé sabbatique ;
  • congé de proche aidant ;
  • période de mobilité volontaire sécurisée ;
  • période d’activité à temps partiel ;
  • arrêt pour longue maladie ;
  • mandat syndical.

Plus, si votre salarié revient d’une longue absence qui n’appartient pas à cette liste, il peut demander à bénéficier de l’entretien professionnel avant la reprise de poste. Soyons romanesque et imaginons un salarié que l’on sait en captivité dans une autre partie du monde.

L’entretien professionnel : what else, George ?

Rien ne vous interdit de fusionner l’entretien professionnel et l’entretien annuel d’évaluation. Mais mettez-y les formes et faites des comptes-rendus distincts. Les sanctions en cas de manquement : la déloyauté très certainement et dans les entreprises de plus de 50 salariés un abondement supplémentaire du compte personnel de formation.

Pour terminer, sachez qu’il y a des entretiens liés au parcours syndical de vos salariés et les entretiens liés à la rupture du contrat de travail.

Julien Monnier, Avocat au Barreau de Nantes